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S'offrir le pardon en cadeau

Quand j’étais enfant, tous les étés, j’allais dans le village de ma grand-mère, en Bretagne. Dans le bourg se trouvaient deux épiceries, un bar dont qui vendait aussi du gaz et un autre qui faisait dépôt de pain. Une fois par semaine passait la camionnette du boucher, et de temps en temps celle de la caisse d’épargne.

J’aimais bien me promené dans le village et découvrir les chemins de traverse. Et régulièrement, ma grand-mère me donnait une liste de choses à lui ramener de la grande épicerie en face de l’église, qui était tenue par une vielle dame avec une coiffe bretonne et un tablier noir qui s’appelait Hélène.

Chez elle c’était la caverne d’Ali Baba. Elle avait son rangement bien a elle. Impossible de deviner à quel endroit de la boutique elle irait chercher la boite de petit pois, ou de sparadrap. Il y avait de tout, même un coin bar, ou les hommes du village venaient discuter après ou peut-être même pendant la messe du samedi soir.

De l’autre coté de la place se trouvait l’autre épicerie, tenue également par une femme dont j’ai oublié le nom. Je me souviens surtout d’elle et de sa toute petite épicerie où je n’étais pas allée souvent, parce que quand Hélène s’est sentie trop fatiguée et a décidé de fermer boutique, cette commerçante a une drôle réaction.

Elle a décidé de fermer aussi, et c’est le motif qui est étonnant. Elle a fermé en disant "Tous ceux qui allaient chez Hélène vont vernir chez moi maintenant, c’est trop facile!"

C’était sa chance de faire tourner sa boutique comme jamais auparavant, et elle l’a laissé passer à cause de son ressentiment.

"Est-ce que je veux être heureuse ou est-ce que je veux avoir raison? ", c’est la question qu’elle aurait pu se poser.

Le pardon est un cadeau que nous nous offrons toujours à nous-mêmes en premier, car rester attaché à de vielles histoires nous garde prisonniers.